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Serou rabal est un pagne tissé qui se métamorphose en serpent.

Traditionnellement en Afrique de l'ouest, le pagne est constitué de 6 bandes de 2 mètres cousues les unes à côté des autres.

 

Dans ce tissage les bandes de 2 mètres ne s’assemblent pas,

il est tissé en continuité.
 

 

Répétition d’un geste vers l’infini.


 

Je travaille le symbole du serpent.

Un animal de dualité, créateur et destructeur.

Il existe depuis la nuit des temps, et porte sur sa peau des combinaisons de motifs et de couleurs

inimaginables.

Le serpent est en continuel mouvement.

Il change de peau et se renouvelle.

Il garde en lui la mémoire et les secrets du monde pour plusieurs cultures de la forêt Amazonienne.

 

Je me questionne également sur le tissage, 

sur son importance magique et religieuse en Amérique Latine à l’époque pré-hispanique.

Par sa symbolique et son iconographie.

Les motifs sont tels un langage dans l’art pré-hispanique et non pas seulement des codes.

C’est une célébration de l’abstraction du message.

Le tissage évoque la création de la vie.

Comme par l’action même de tisser :

la répétition d’un geste qui garde en lui un savoir faire,

une technique et un mécanisme millénaire transmis de génération en génération mais réinterprété selon les époques.

 

 

 

Ce serpent fut tissé en mai 2016 à Dakar, par un jeune tisserand venant de la Guinée Bissau.

Pendant une semaine, nous cherchions lors de nos rencontres un accord entre ses tissages et mes dessins de motifs en couleur.

Puis, nos échanges se concentrèrent sur le fonctionnement du métier à tisser, ses libertés et contraintes.

Nous nous sommes retrouvés dans une zone de négociation.


La recherche d'un motif de peau serpent travaillé préalablement en dessin ou peinture essayait de faire muer à l'iconographie textile déjà existante au Sénégal et quelques fois conditionnée par le statut utilitaire et pratique du pagne, qui cherche toujours à embellir et protéger.

 

 

Au delà des changements de la forme, des questions techniques se posaient.

Pour faire des aplats de couleurs par exemple, il fallait laisser des fils sans points d’attache. Ceci pose problème puisque cela accélère la dégradation du pagne, et que la vie de l’objet s'en trouve réduite.

 

Après trois essais, l’étoffe du serpent surgit et prit place dans le métier à tisser.

Le serpent lui même apparut au fur et à mesure.

Son apparition s’accélère sous le geste musical du tisserand qui concevait cette nouvelle peau.

Jaar, serpiente, serpent

Tissage

1200 cm x 15 cm

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