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Dakar

ville flux,

au cœur des mutations du continent africain et des processus mondiaux

ville de syncrétisme (plusieurs cultures, plusieurs religions)

et de pluralité artistique

dont l'esthétique idiosyncratique dessine les nouveaux visages.

Une ville palimpseste comme l'écrit Felwine Sarr,

c'est à cela que nous nous confrontons

et qui nous mets au travail...

 

Une ville mouvement,

qui continue de se créer.

En perpétuel chantier,

soumise à l'exode rurale et aux migrations internationales.

Ouverte au monde

parcourue par des profonds changements et des antagonismes.

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Des évolutions qui s’accompagnent de nouvelles visions

et remettent en question les vieux schémas (tradition/modernité, colonial/postcolonial, Afrique/Occident).

 

Tout s'opère dans les circulations des mondes.

Comme l'écrit Achille Mbembé,

l'Afrique est avant tout un projet planétaire.

Il n'y a guère d'histoire de ce continent qui ne soit en même temps une histoire du monde,

tout comme il n'y a guère d'histoire du monde qui ne soit en même temps une histoire d'Africains ou de leurs descendants.

Les chinois s'installent au cœur de ses grandes métropoles,

tandis que les commerçants africains s'établissent à Dubaï, Hong Kong, Istanbul, Guandgong et Shanghai.

Le Brésil, l'Inde, la Turquie et d'autres puissances frappent à la porte.

Une immense vernacularisation des formes, des pratiques et des styles est en cours,

qui transforme les grandes villes africaines en capitales mondiales

à la fois baroques, créoles et métisses.

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Depuis longtemps, Dakar a choisi l’art comme moteur culturel, économique et politique

(du Festival des Arts nègres (1966) à la biennale internationale Dak’art à partir de 1992).

Le Sénégal a développé sa propre modernité (L’Ecole de Dakar avec ses contestations – le Laboratoire AGIT'Art, Set Setal ou les nombreuses initiatives actuelles des jeunes générations) qui s’invente au quotidien en de nombreux croisements entre les arts et en des œuvres magistrales (par son énergie radicale le film Touki Bouki de Djibril Mambety Diop (1973) continue à agir).

Aujourd'hui la situation nationale conduit à la mise en place de nouvelles politiques culturelles (étatiques ou privées).

Cette rupture avec les politiques des indépendances (liée au départ de la génération L.S. Senghor) est initiée par une nouvelle génération de théoriciens et d'artistes.

Dakar, terreau de créativité et de pluralité

largement investi par les plasticiens, musiciens performeurs, danseurs, réalisateurs.

La représentation de l'expérience urbaine constitue un sujet récurrent

pour des artistes souvent investis dans la communauté

au sein de laquelle la galère participe des forces créatrices

et d'un mouvement continu d'invention de soi.

 

Dans notre optique, il s'agit moins de penser la ville comme une superstructure (ce qu'elle est)

que comme une production de sens dont les significations informent sur notre réalité sociale et politique

mais surtout sur nos imaginaires et nos projections.

Une ville palimpseste, au cœur de laquelle plusieurs mouvements, plusieurs couches,

plusieurs strates se sont superposés et sédimentés.

Densité, intense énergie, vitalité, dynamisme, bourdonnement, créativité, chaos, congestion, étroitesse, étouffement, indécision quant à sa forme à venir, incongruités, et contemporanéité de plusieurs mondes.

Plusieurs époques s'y côtoient, plusieurs styles architecturaux, plusieurs manières d'habiter l'espace, entre ville et campagne, bric à brac, de manière anarchique

Plusieurs manières de penser le temps, la nature, le monde

avec des lieux d'art, de mémoire, des musées, des parcours,

des lieux de culture, de convivialité, de vivre ensemble où est faite la communauté....

des habitants qui privilégient ces interstices où l'on se rencontre, où l'on vit...

Dans une société complexe, avec un contexte matériel difficile,

l'idée du réel à venir,

et partant du devenir individuel se révèle d'une profonde indécision,

et les dakarois développent des compétences cosmopolites,

mais aussi des manières alternatives d'accéder à la scène mondiale (à laquelle tous n'ont pas accès).

Autrement dit, il s'agit d'explorer non pas les essences immuables, mais les failles, les interstices,

car c'est à partir de ces lieux d'intersection que se tissent les nouveaux assemblages,

qu'il s'agisse des nouvelles figures et identités métropolitaines qui dévoilent des façons de faire avec la ville,

mais aussi de la faire, c'est à dire de participer à ses fabrications et réinventions constantes,

y compris à travers l'élaboration d'un désordre constitutif de nouvelles configurations sociales et culturelles.

 

Notre projet est de tisser des liens avec la scène artistique et intellectuelle au Sénégal

tout en prêtant une attention particulière aux réalités urbaines

ou plutôt à l'aventure citadine.

Comment faire corps avec les notions de fluidité, d'amovibilité,

d'impermanence, de possibles reconfigurations,

détourner les objets de leurs usages habituels,

saisir le chaos organisé et ingénieux de la ville,

laisser des inachevés qui figurent des possibles...

Cette approche permet d'appréhender la dimension ouverte,

mouvante de la société sénégalaise contemporaine,

ancrée dans une trame historique et culturelle ancienne et épaisse,

de la relier à l'histoire récente des métropoles en Afrique,

aux phénomènes de trans-nationalisation de la société, de la vie intellectuelle culturelle et artistique,

et à la constitution d'un espace public afropolitain

et à nous mêmes.

 

Plusieurs axes de travail

comme champs d'investigation,

hypothèses exploratrices et prospectives

qui nous renvoient aussi

à là d'où on est

à là d'où on parle...

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Emmanuelle Chérel

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