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Manifeste pour un musée de la danse

Boris Charmatz.

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Extrait 1.

 

La danse et ses acteurs se sont souvent définis en opposition à des arts dits pérennes, durables, statiques, dont le musée serait le lieu de prédilection. Mais si l'on veut aujourd'hui ne plus occulter l'espace historique, la culture, le patrimoine chorégraphique, fut-il le plus contemporain, alors il est temps de regarder, de rendre visibles et vivants les corps mouvants d'une culture qui reste largement à inventer. (...) Le Musée de la danse voudrait ainsi bousculer et l'idée que l'on se fait du musée, et l'idée que l'on se fait de la danse ! Mariage impossible entre deux mondes, il explore les tensions et les convergences entre arts plastiques et arts vivants, mémoire et création, collection et improvisations sauvages, œuvres mouvantes et gestes immobiles. Ce projet utopique entend créer de l'espace public pour un art en prise avec les questions contemporaines, un espace public ouvert et expérimental, résolument en mouvement.

Scroll Infini, vidéo, 2018

Confronter.

 

Le scroll est un geste vertical de deux doigts apposés sur une surface tactile. Il permet la lecture d'une page internet en continu.

Flux de contenus et d'informations continu, 

Le scroll permet aussi aux entreprises de calculer le temps de lecture des internautes.

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Geste parasite. 

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Le twerk ou booty shake est un mouvement du bassin. 

Selon Fannie Sosa, le twerk permet de retrouver une unité entre ce qu'elle appelle "les beaux quartiers" que sont le visage et l'égo, et le ghetto du corps, la partie inférieure de notre corps, souvent hyper-sexualisée. 

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Répétition du présent.

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D'après un texte de Barbara Formis.

 

Chaque jour est fait d’innombrable répétitions. La plus part de nos actes quotidiens deviennent des automatismes ; c’est ainsi que nous parlons, écrivons, conduisons, fermons la voiture, immergés dans d’autres pensées (…)

C’est uniquement parce que nos gestes sont répétés, réitérés, refaits, et forment donc un système de comportement déjà connu et appris que nous pouvons agir sans être entièrement concentrés.

L’expérience du temps présent est à la fois déjà faite, vécue dans le passé, en un sens, connue, et entièrement nouvelle, imprévisible, et de facto dissociable de nimporte quelle autre forme antérieure.

 

La performance place l’artiste dans une frontalité directe au public.  Rapport critique aux procédures de narrativité, de spécularisation, et de représentations propres au arts vivants qui garantissent la reproductibilité de l’oeuvre.

La performance se veut irrépétable, liée à l’espace d’exposition, à un public.

Elle est rattachée à la temporalité du présent, puisqu’elle oscille constamment dans un espace-temps de l’immédiateté de la perception.

 

Phénomène éphémère, action, évènement. La performance ne produit rien qu’elle même.

                                                Démystifier la danse.

 

No to spectacle.
No to virtuosity.
No to transformations and magic and make-believe.
No to the glamour and transcendency of the star image.
No to the heroic.
No to the anti-heroic.
No to trash imagery.
No to involvement
of performer or spectator.
No to style.
No to camp.
No to seduction of spectator by the wiles of the performer.
No to eccentricity.
No to moving or being moved.

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Yvonne Rainer, No Manifesto, 1965.

Dakar, Avril 2017

 

Entretien avec Sow Bangoura, historienne de la danse.

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La musique, le chant et la danse ont toujours été présents au Sénégal. Ils accompagnent généralement les gestes et les situations de la vie quotidienne (récoltes, mariage, initiations...) et varient selon les peuples et les cultures.

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A la fin du XIXème, et au début du XXème, les idéologies coloniales fabriquent le mythe de l'homme noir qui danse naturellement : primitivisme, clichés et hypersexualisation du corps.

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Après la colonisation, la rumba, le chachacha, et d'autres rythmes importés sous l'effet des diasporas africaines furent en vogue.

Mais très vite, des formes plus traditionnelles sont réapparues tout en étant modifiées par ces influences nouvelles.

De même, ces rythmes importés furent modifiés par l'intégration d'instruments traditionnels (le sabar, le nier, le thiol...) et de rythmes associés à des chants.

Ce métissage a fait naître de nouvelles gestuelles et a transformé l'espace de danse. Le cercle, forme essentielle, s'est à nouveau imposé comme espace primordial.

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Dans les années 80-90, les danses urbaines ont ouvert le champ de la danse en la démocratisant, en apportant de nouvelles motivations liées aux réalités de la jeunesse et ses revendications. Au delà d'un mimétisme avec le hip-hop états-unien et français, les cultures urbaines se nourrissent de gestes traditionnels : dans le locking ou le popping, on peut voir que le bras accompagne, montre, et rend le mouvement aérien. Le sabar et la danse urbaine dialoguent l'une avec l'autre. Des relations complexes s'établissent.

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